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  • Photo du rédacteurMarie CT

La gratitude


Nous y voilà. Confiné.e.s une nouvelle fois.

En vrai, on est assez peu à être surpris.e.s, on savait que ça finirait par arriver. Mais je crois qu'on espérait tou.te.s de tout coeur se tromper et ne pas avoir à revivre les difficiles et anxiogènes mois de mars-avril 2020.


A cette époque, j'étais alors confinée en Argentine. J'étais partie, 6 semaines auparavant, pour un grand projet de tour du monde et nous n'avions eu le temps que de visiter une partie du Brésil, Montevideo et un peu d'Argentine. Nous avions quitté nos jobs, notre appartement et nos proches pour 12 à 14 mois, et en un rien de temps tout tombait à l'eau.


Nous avons été confinés à peu près en même temps que la France, car les touristes étrangers continuaient à arriver dans le pays et le gouvernement craignait le pire. Nous nous sommes donc retrouvé.e.s confiné.e.s dans une vaste région d'Argentine où AUCUN cas de covid n'a été détecté pendant nos 5 semaines de confinement. Quand nous avons dû partir, la vie commençait péniblement à reprendre son cours, mais les déplacements touristiques et les passages de frontières n'étaient toujours pas d'actualité, et nous avons dû faire le choix de rentrer, et surtout de ne pas repartir.


Et ce début de confinement, malgré l'apparente sécurité sanitaire, a été AFFREUX pour moi.

Je ne suis pas quelqu'un d'anxieux.se de nature. Je n'ai jamais connu d'attaque de panique ou de trouble anxieux généralisé, et je n'ai aucune idée de la détresse que ces états peuvent représenter - et de la possible impossibilité à appliquer les conseils que je donnerais par la suite dans ces situations.

Cependant, rien ne coûte d'essayer, et si vous vivez des anxiétés plus modestes à modérées, ou que vous traversez "simplement" une tristesse au vu de la situation, alors voici comment j'ai personnellement réussi à changer d'état d'esprit.

Pas pour être plus productive, pour être tout le temps joyeuse ou pour éviter d'être triste : simplement parce que je ne supportais pas la détresse anxieuse dans laquelle je me trouvais. Et que pour moi, changer de point de vue était une question de SURVIE.


J'en ai parlé dans mon premier post sur ce blog, TOUTES les émotions ont quelque chose à vous apporter et à vous apprendre, et si vous avez besoin de ressentir de la tristesse ou de la colère, alors vivez les à fond, laissez les vous imprégner, puis faire leur travail et enfin s'évacuer. Personnellement, les émotions que je vivais me donnaient l'information suivante : change de point de vue. Celui-ci est trop désagréable, il est dangereux, il nous tue à petit feu.


Ce qui me mettait dans cet état terrible, c'était de savoir que la situation sanitaire en France était catastrophique, de savoir mes proches exposés et vulnérables à ce virus et d'être à 15 000km d'eux, sans possibilité de retour et surtout sans possibilité de contrôle sur la situation, moi qui ai beaucoup de mal à lâcher prise sur ce genre de situations médico-familiales...

Ajouté à cela l'angoisse de nous imaginer rentrer, abandonner ce rêve que nous avions mis un an à construire et qui démarrait tout juste, ne pas aller jusqu'au Pérou, Vietnam, Philippines et devoir reprendre le cours de nos vies, ce n'était pas du tout ce pour quoi j'avais signé. Et la douleur de laisser tout cela de côté était abominable. Sans compter sur le risque d'être expulsé.e.s de notre auberge, qui fermaient toutes les unes après les autres...


A ce moment là, j'ai souvent voulu fermer les yeux et ne les rouvrir que 3 mois plus tard, après la vague, la vie ayant repris son cours et le tourisme battant à nouveau de plus belle. L'attente de l'inconnu m'était inenvisageable.


Et puis... j'ai commencé à imaginer aussi d'autres scénarios. Et notamment des scénarios où j'avais perdu mes proches pendant l'épidémie. C'est débile hein, vous allez me dire, et surtout pas vraiment relaxant : oui mais c'était DEJA des angoisses que j'avais, elles existaient déjà en moi et les matérialiser n'en changeait pas la probabilité.


Et finalement, avec cette idée en tête, je n'ai plus voulu faire un bon de 3 mois dans le temps. Plus du tout.

Je me suis mise à hyper-cultiver la chance de l'instant présent - la gratitude sommes toutes, qu'on la nomme comme ça ou non. Je ne voulais surtout pas finir par me dire "et mince, si j'avais su...". Surtout pas.


Alors c'est comme ça que je me suis soignée. Je me suis mise à penser, quand l'angoisse montait, à toutes les belles choses que j'avais encore autour de moi à cet instant présent : ma grand-mère, en bonne santé et que j'appelais de longues heures toutes les semaines. Un toit sur la tête avec un lit chaud et douillet et même le luxe d'un petit déjeuner offert. Mon chéri auprès de moi, et la chance de l'avoir lui aussi.

J'essayais chaque jour de changer, mais j'avoue que les 2 premières revenaient presque systématiquement. Et à force de me les répéter, je me suis complètement imprégnée de leur énergie réconfortante et galvanisante. J'ai enfin commencé à apprécier, jour après jour, ce que j'avais et ce que je vivais. Je profitais d'un rayon de soleil, d'une belle conversation, de l'écoute d'un podcast ou d'une séance de relaxation. Je ne cherchais plus à être productive ou dans la fuite des évènements : je les intégrais, pleinement, à mon quotidien et à ma réalité - mais aujourd'hui, en cet instant, ils ne m'avaient pas encore touchée.


Il y a plein de façons de cultiver la gratitude. Qu'il s'agisse d'un évènement traumatisant, d'une période difficile de sa vie ou de son corps qu'on n'arrive pas à aimer, cultiver la gratitude ne veut pas dire ne pas voir ou ressentir les peurs, angoisses, les colères ou les tristesses. C'est simplement un moyen de ne pas les laisser nous emporter et nous asphyxier, quand leur ressenti n'est pas salvateur mais destructeur.



MISE EN PRATIQUE :


Pour mettre cet exercice en pratique, nul besoin de vivre une expérience douloureuse ou angoissante. La gratitude peut être cultivée au quotidien, et il est même peut-être préférable d'apprendre à l'utiliser avant d'être confronté.e à des situations difficiles.


Installez-vous confortablement, prenez quelques amples respirations, et réfléchissez : qu'est-ce que aujourd'hui, en cet instant, vous êtes heureux.se d'avoir ? Si rien d'évident ne vous viens à l'esprit, on peut aussi poser la question dans l'autre sens : qu'est-ce que vous ne souhaitez pas perdre - et donc, êtes heureux.se d'avoir aujourd'hui ?


...


Notez en 3 et 10 choses, selon votre humeur et selon ce qui vous vient. Et n'hésitez pas à répéter l'exercice autant que possible. Tous les soirs au coucher ou tous les matins en petit déjeunant, par exemple ?

Et proposez à vos proches de participer ! La gratitude est un muscle et vous verrez comme elle arrive finalement bien à s'immiscer dans toutes les failles que nous avons à combler.


Il est nécessaire de rappeler que cultiver la gratitude n'empêche pas les mauvaises nouvelles d'arriver. Rien ne peut nous en protéger.

Elle nous rappelle juste de profiter de ces belles choses et personnes tant qu'elles sont à notre portée, pour ne surtout pas nous réveiller avec des regrets - le fameux "si j'avais su"...



N'hésitez pas à me faire vos retours dans l'espace commentaires, ainsi qu'à me poser vos questions sur le sujet !


Je vous dis à très vite pour un nouveau sujet,


Très belle journée,


Marie

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